Pourquoi avons-nous recours à la comfort food au travail ?

Pourquoi avons-nous recours à la comfort food au travail ?

La pause de midi, pour la plupart moment tant attendu de la journée de travail, pour d'autres, un besoin qu’il faut vite assouvir afin de retourner à ses tâches. Génératrice de liens sociaux et de convivialités, elle engendre des habitudes alimentaires qui peuvent, néanmoins, altérer l’efficacité des travailleurs. Facteur d’une fatigue post-digestion voir perturbatrice des bonnes habitudes, ce que nous mangeons au travail peut être révélateur de la satisfaction de l’employé.
Notre penchant pour la comfort food au travail :

La comfort food fait référence à tous les plats et les aliments qui procurent un sentiment de réconfort quand ils sont consommés.

Lorsque nous choisissons notre repas c’est la mémoire sémantique, qui, dans un premier temps, nous permet de restituer nos connaissances génériques, par exemple la salade verte pour l’entrée et l’orange pour le dessert. Puis, il y a la mémoire épisodique reliée à nos souvenirs et à nos 5 sens, c’est cette mémoire qui va nous faire choisir un aliment à la place d’un autre.

Mais quel effet la comfort food a sur notre organisme ?

Depuis l’enfance nous construisons nos préférences alimentaires sur la base de nos expériences culinaires, nous avons tous un aliment dit “doudou” que nous mangeons généralement pour nous donner du réconfort. La consommation de cet aliment active la zone “récompense” de notre cerveau qui relie deux groupes de neurones l’un situé dans l’aire tegmentale ventral et l’autre dans le noyau accumbens, elle réveille également des hormones telles que l’endorphine et la sérotonine, connues comme les “hormones du plaisir”.

Cependant, la consommation trop régulière de cet aliment « doudou », surtout s’il est riche en graisse, peut avoir un effet néfaste sur l’organisme (prise de poids, diabète, arrêt cardio-vasculaire).

La véritable question que vous devez vous poser si vous avez tendance à consommer de la comfort food au travail, c’est finalement pourquoi avons-nous besoin de ce réconfort ?

 

Les sources d’une alimentation déséquilibrée au travail :

Généralement une alimentation déséquilibrée au travail peut être révélateur d’un mal-être lié directement à son job. Elle peut aussi être le symbole de la pression mentale que ressent le travailleur.

En effet, en cas de périodes sous pression, les glandes surrénales, situées au-dessus de chaque rein, sécrètent une hormone, les corticoïdes. Elles créent une hausse de la glycémie, qui en redescendant, donne faim.

C’est cette manifestation chimique de notre corps qui crée chez certaines personnes des pulsions alimentaires liées aux émotions qu’elles ressentent.

Dans le cadre du travail, nous pouvons relever 4 facteurs qui sont susceptibles d’expliquer une alimentation compulsive.

La première cause réside dans le doute sur soi-même, effectivement si, au travail, votre supérieur vous demande quelque chose que vous ne savez pas faire et que vous vous dites que vous êtes stupide, ce sentiment dévastateur vous poussera à la consommation de consolation. La deuxième source d’impuissance naît du sentiment de frustration. Certains salariés peuvent ne pas se sentir respectés ou soutenus au sein de leur entreprise. Ce manque de reconnaissance, le salarié va essayer de le combler avec un grignotage.

Pour c’est une manière inconsciente de se rebeller face à des conditions de travail qui ne leur plaisent pas, ces personnes vont avoir tendance à manger excessivement plutôt que de manifester leur colère.

Enfin, la plupart du temps, la mauvaise alimentation au travail et ce besoin de se nourrir d’aliments réconfortants vient d’un sentiment d’abandon. Perdre le soutien de son collaborateur ou de son supérieur peut entraîner un sentiment d’abandon, d’impuissance qui sera apaisé par la consommation d’un aliment “doudou”.

Les conseils de notre nutritionniste pour un rapport plus sain à la comfort food :

   

 Déborah Ohana Diététicienne nutritionniste 

30 Rue de Rivoli, 75004 Paris

Spécialisée en Nutrition du Sport, Nutrition de l’enfant, Troubles du Comportement Alimentaire, Micronutrition, Microbiote Intestinal. Thérapeute ACT. 

L’idée n’est pas de chercher à lutter ou à remplacer l’aliment.” 

 

Peut-on éviter la consommation de l’aliment “doudou” ?

La consommation d’aliment « doudou » est révélateur d’une difficulté à accueillir ses émotions difficiles de façon générale. L’idée est donc d’apprendre à accueillir l’émotion et à interagir avec elle de façon bienveillante et fonctionnelle.

Cela peut se faire de plusieurs façons par exemple avec des outils de pleine conscience, de méditation, de sophrologie ou encore d’hypnose.

Les Ateliers Bienveillance proposent d’ailleurs des outils concrets pour accueillir ses émotions. Le plus important c’est d’être accompagné dans cet apprentissage

Attention, il n’y a aucune difficulté à se réconforter avec un aliment. La difficulté arrive lorsque nous allons manger pour ne plus ressentir une émotion, ce que nous appelons l’alimentation émotionnelle.

 

Comment remplacer cet aliment tout en ayant les mêmes apports psychologiques ?

L’idée n’est pas de chercher à lutter ou à remplacer l’aliment. Que nous mangions une pomme ou un gâteau au chocolat, la difficulté reste la même. Ce n’est pas l’aliment le problème mais l’action d’aller manger dans un moment où nous n’en avons pas besoin.

 

Pensez-vous que les repas consommés au travail sont influencés par nos collègues / par l’espace dans lequel nous sommes ?

Bien-sûr, le contexte alimentaire dans lequel nous nous trouvons influence énormément la façon dont nous mangeons. Nous créons ainsi des conditionnements spécifiques au contexte donné. Dans ce cas, nous travaillons alors à créer de nouveaux conditionnements en fonction de la situation spécifique.

De façon globale, le travail repose sur agir de façon différente malgré la présence de pensées ou d’émotions difficiles. Un travail sur l’assertivité est souvent aussi nécessaire.

 

De manière globale quels sont les 3 conseils à adopter pour une alimentation plus saine au travail ?

–   S’écouter le plus possible et adopter des rythmes alimentaires qui nous sont propres et non pas cadrés sur notre entourage.

–   Ne pas chercher à restreindre son alimentation ou à bannir certains aliments. La frustration crée l’envie.

–   Penser à apporter ou à prévoir une collation en cas de fringale.